Portage et dysplasie de la hanche

Il n'est pas rare, que les médecins diagnostiquent chez les nouveaux-nés des dysplasies (anomalie dans le développement biologique entrainant des difformités) des hanches. A la naissance, l'articulation des hancehs est incomplètement terminé, les os sont encore mous et malléables. Surtout si l'enfant était en siège, il peut avoir déformé un peu son bassin et les os de ses hanches sur le bassin de sa mère, ce qui peut entraîner une luxation ou une malposition plus ou moins prononcé de l'articulation quand la hanche s'est ossifiée en mauvaise positon.

Même si 60-80% des dysplasies sont temporaires et se seraient arrangés sans intervention, on préscrit alors des culottes spéciales (corsets de rééducation) qui sont censés de tenir les cuisses du bébé écartées, dans une position d'abduction, idéale pour le bon développement de la hanche. Cette position idéale, recommandé dans la littérature médicale, consiste à écarter les jambes de 30-40° tout en pliant les genoux entre 90 à 120° (position "grenouille"). Dans cette position, la tête fémorale se trouve juste en face du cotyle, la cuvette arrondie supérieure de l'articulation. Le problème de ces culottes est leur rigidité qui empêchent le bébé de bouger et limitent largement sa liberté de mouvement et empêchent les adultes de prendre le bébé dans leurs bras ou sur les genoux. Le portage peut aider dans ces cas et remplacer partiellement ou totalement (dans la plupart des cas) cette culotte spécifique. Quand le bébé est correctement porté sur la hanche (c'est à ce mode de portage que le bébé est particulièrement adapté - voir "histoire"), les jambes sont écarteés en moyenne de 45°, les cuisses pliés autour de 90° ou plus, jusqu'à 120°. Vous voyez, le bébé prend sur la hanche instinctivement une position qui correspond à son anatomie et remplit en même temps les conditions idéales thérapeutiques ou préventives de la dysplasie des hanches. De plus, le bébé ainsi porté suit constamment les mouvements du porteur, à chaque pas du porteur les têtes fémorales creusent un peu plus le cotyle. Le bébé reçoit également des stimultations musculaires ("massages") en continue, ce qui favorise une bonne circulation pour le bon développement des articulations.

De récentes études sur l'apparition des problèmes de luxation des hanches dans différentes cultures ont prouvé l'efficacité du portage pour le nourrisson aussi bien au niveau physiologique/thérapeutique que psychologique. Chez les peuples qui portent leur bébé, surtout en Asie et en Afrique, les dysplasies de la hanche étaient presque inconnus. Par contre, dans les cultures, qui favorisent une position des jambes allongés (comme les Indiens du Nord du Canada, qui attacheient traditionnellement leurs bébés sur une planche pour les porter), le taux des dysplasies atteignait 12,3% contre 1,2% chez les bébés qui n'étaient pas élevés selon cette méthode traditionelle.

Déjà en 1940, le médecin japonais Nagura montrait une relation entre mode de portage et problèmes des hanches. Jusqu'au milieu de notre siècle, les Japonais ne connaissaient guère de problèmes de dysplasie. seulement avec l'arrivée des méthodes occidentales, ces problèmes sont apparus. Grace à ces observations, le Dr Nagura ne traitait pas des dysplasies des hanches de neuf de ces petits patients par une intervention chirurgicale, comme c'était la règle en Europe à cette époque, mais il disait aux parents de porter leur bébé de façon traditionelle jusqu'à ce qu'une place à l'hôpital serait libre pour l'opération. Ainsi, ces cas étaient gueris avec succès sans opération. Même si nous ne connaissons pas de détails sur la gravité des dysplasies, les observations de Nagura ne montrent pas seulement l'effet préventif du portage, mais laissent également attendre à un effet thérapeutique.


Evelin Kirkilionis "Ein Baby will getragen sein" (Un bébé veut être porté), Kösel-Verlag, 1999


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